L’Occitanie riposte aussi !

Des cafés-débats ont lieu mensuellement avec l’association Café’in Saint Orens (31)

  • Samedi 19 avril 2025 : L’IA : promesses et dilemmes sur l’Intelligence artificielle qui envahit d’énormes pans de notre vie et les moindres recoins de la société. Peut-on y échapper ?
    Laetitia Lalla, Informaticienne spécialisée en IA pour le traitement d’image
    Corinne Joffre, secrétaire générale du Artificial and Natural Intelligence Toulouse Institute 
    L’IA dans l’éducation a bien sûr été évoquée et suscite de grandes craintes, en tous cas loin d’un enthousiasme à tout crin comme le souhaiterait le ministère.
    Le compte rendu du débat est consultable ici.

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  • Samedi 15 mars 2025, café-débat sur la réussite des élèves, les conditions de la réussite de toutes et de tous.
Sommaire

Les intervenant.e•s

Compte rendu du débat

Debriefing rapide

L’exposition de livres à la Médiathèque

Les livres d’Haim Ginott

Café-débat à Saint Orens de Gameville, banlieue de Toulouse (31)

Samedi 15 mars 2025 à 17 h

Centre culturel Altigone au Gustave Bar

Entrée libre et gratuite…

  • Est-ce si simple ? Quels moyens d’action ? Que faire pour que tous les élèves réussissent ?
  • Quelles démarches pédagogiques pour favoriser tous les apprentissages de tous les élèves dont celui de la lecture ?
  • Comment pallier les inégalités culturelles qui influent sur l’intégration des publics de la diversité et sur leur réussite scolaire et socioprofessionnelle ?

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Les intervenant•e•s

Eveline Charmeux, professeure agrégée de Grammaire Classique et Moderne, spécialiste du français et de l’apprentissage de la lecture. Elle a été formatrice à l’IUFM de Toulouse. Elle a un site depuis de nombreuses années : « Enseigner le français avec Eveline Charmeux. Un site à disposition des collègues, des parents et de tous ceux qui s’intéressent à ce qui se passe à l’école. »

Elle tient également un blog bien connu Le blog de l’amie scolaire : Questions de profs. Elle participe à notre collectif Riposte éducation.

Qui est Eveline Charmeux ? Elle se présente ainsi avant son départ à la retraite en 1993 : « J’ai donc toujours été formateur d’enseignants : professeur d’école normale, d’abord à Amiens où je suis restée quinze ans, puis à Toulouse où je réside depuis maintenant 35 ans. Avec la disparition des Ecoles Normales et l’installation des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (les IUFM), je suis devenue formateur d’IUFM, puis, l’âge étant là, je suis maintenant, comme on dit, « professeur honoraire », et je me consacre toujours au militantisme pédagogique et à l’écriture. L’autre versant de ma carrière professionnelle, étroitement soudé au premier, c’est le travail que j’ai mené durant vingt cinq ans à l’Institut National de Recherche Pédagogique de Paris, où, sous la direction de Hélène Romian – autre phare important de ma vie professionnelle – j’ai travaillé sur l’enseignement de la lecture, de l’orthographe, de la production de textes et de manière générale, sur la maîtrise de la langue. Dans cette page, la liste d’une partie de ses ouvrages publiés depuis 1967.

Martine Boudet, professeure agrégée de Lettres modernes, chercheure en didactique du français et anthropologie culturelle (académie de Toulouse, université Paris-Cité). Auteure d’essais socio-éducatifs. Elle est également membre de notre collectif Riposte éducation.

  • Essai de méthodologie de lecture-écriture (Presses universitaires des Antilles, 2025)
  • SOS Ecole Université – Pour un système éducatif démocratique (direction, Le Croquant, 2020)
    Avec le soutien de l’Institut de recherche de la FSU . Notes de lecture de cet ouvrage.
  • Les langues-cultures moteurs de démocratie et de développement (direction, Le Croquant, 2019) 
     Participation de la DGLFLF/ Direction de la langue française et des langues de France. Sur la page de l’éditeur.
  • Le système éducatif à l’heure de la société de la connaissance (co-direction, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail, 2014) 
     Préface de Philippe Meirieu. Sur la page des Presses Universitaires du Midi- Université Toulouse-Jean Jaurès.

Vincent Cramailère-Rouchi, directeur des Francas 31. Il représente l’éducation populaire et les services publics rendus aux parents, aux enfants et aux jeunes, dans le cadre du péri-scolaire et de l’extra-scolaire :

Le péri-scolaire :

  • CLAE (Centres de Loisirs Associés aux Ecoles)
  • CLAS (Centres Locaux d’Accompagnement Scolaire = aide aux devoirs mais pas que, car comme les CLAE, avec activités sportives, artistiques, scientifiques, culturelles, etc.). Pour les collèges et les écoles.
  • Les CLAC (Centres de loisirs Associés aux Collèges)

L’extra-scolaire :

  • CLSH (Centres de Loisirs sans Hébergement)
  • Mix Ados : Espace jeunes, dans un local au centre ville de Saint Orens. Activités de loisirs destinées aux 11-17 ans. Organisation, horaires.

A Saint Orens, ces structures sont gérées par l’association Amicale Laïque fondée en 1986 par des co-éducatrices et des co-éducateurs : des parents d’élèves, des élus, et des enseignant•e•s.

L’Amicale Laïque est adhérente aux Francas : Historique et projet éducatif. Le projet éducatif de l’Amicale de Saint Orens : « Permettre l’épanouissement individuel et collectif, Mettre en place un espace de loisirs éducatif, en complémentarité avec les autres acteurs éducatifs, Sensibiliser à la citoyenneté, au vivre ensemble, et au reste du monde. »

« L’Amicale Laïque est avant tout une association de parents, impliqués dans la gestion de ce que vivent leurs enfants lors des temps péris et extrascolaires.« 

Les Francas : « Il s’agit d’une association nationale reconnue d’utilité publique, mouvement d’éducation populaire, qui fédère de nombreuses collectivités locales et organisateurs d’activités de loisirs. » « Les Francas sont porteurs d’un ensemble de valeurs dans lesquelles l’Amicale se retrouve : l’humanisme, la liberté, la solidarité, l’égalité, la paix, et la laïcité. » Vincent Cramailère-Rouchi donnera toutes précisions par rapport à toutes ces structures sur Saint Orens.

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Compte rendu du débat

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Préambule au débat

Le président de Café’In a fait une introduction, en projetant une page d’Internet d’un ancien débat de Café’in dans les années 2000 où Eveline Charmeux avait été invitée (elle l’a été plusieurs fois par la suite).

Le 21 octobre 2008, en effet, La Dépêche publiait sur son site et à l’époque sans appel à abonnement : « Saint-Orens. Café’In parlera d’école ». Internet conservant les données, il a été facile de retrouver cet article : 

  • « L’association de café-débats, Café’In Saint-Orens, propose une rencontre ouverte à tous, ce soir à 20h45 à l’Espace Jeunes. À propos de l’interrogation : «Ecole Française, mauvaise élève ?», le public pourra préalablement écouter les invitées de Café’In, Eveline Charmeux, professeur de grammaire, formateur à l’Ecole normale et IUFM à la retraite et Nicole Delvolvé, professeur des universités en psychologie et chercheur en ergonomie du monde scolaire.
    • Le débat posera les hypothèses suivantes : « L’Ecole Française n’est pas des mieux classées dans les évaluations européennes et internationales (PIRLS pour le primaire, PISA pour le secondaire). Le gouvernement réagit en lançant des réformes tous azimuts : réforme des programmes, réforme de la formation des enseignants, réforme du lycée, des formations professionnelles, réforme du temps scolaire au primaire avec la semaine à quatre jours.
    • Réforme précipitée, sans concertation ? Réforme des anciens ou réforme des modernes ? Réforme en profondeur ou effets d’annonce ? ». 
    • Café’In Saint-Orens invite tous les publics et pas seulement les enseignants à venir débattre de l’avenir de l’Education nationale, du service public d’éducation, des réformes en cours. 

Quelques données documentées pour prolonger cette introduction : Sur le site du ministère on peut apprendre que le 18 mai 2008, c’est Xavier Darcos qui était devenu ministre de l’Éducation nationale sous la présidence de Nicolas Sarkozy.

La question à se poser de 2000 à 2024, dernières évaluations Pisa, quelle évolution de la France dans l’ensemble des évaluations ? Et que sont ces évaluations qui n’ont jamais cessé depuis ? Sur le site du ministère dans Évaluation des élèves français à l’échelle internationale, on peut lire que La France participe à plusieurs comparaisons internationales de performances des élèves qui se sont multipliées au fil du temps et qui sont devenues incontournables.

PIRLS

  • « Tous les cinq ans depuis 2001, PIRLS évalue les compétences des élèves de quatrième année d’école obligatoire (CM1, en France) en compréhension de l’écrit, dans plus de 50 pays. »

TIMSS

  • « À l’école élémentaire, tous les quatre ans, TIMSS4 évalue les compétences des élèves en fin de quatrième année des enseignements systématiques (CM1, en France), tant en mathématiques qu’en sciences. L’étude existe depuis 1995, mais la France s’y est jointe pour la première fois lors du dernier cycle (2015). » […]
  • « Tous les quatre ans, l’évaluation TIMSS8 évalue les compétences des élèves de classe de quatrième en mathématiques et en sciences. Jusqu’à présent, la France n’avait participé qu’à la première édition de l’enquête, en 1995. » […]
  • « TIMSS Advanced est une évaluation des compétences en mathématiques et en physique des élèves de terminale S. Elle comprend aussi un échantillon complémentaire d’élèves de classes préparatoires aux grandes écoles scientifiques. Cette évaluation a été réalisée en mai 2015 dans neuf pays.» 

ICILS

  • CILS (International Computer and Information Literacy Study) est une étude comparative qui mesure le niveau des connaissances scolaires des élèves de quatrième en littératie numérique et en pensée informatique. Cette enquête interroge aussi les professeurs enseignant en classe de quatrième sur leurs usages pédagogiques du numérique. Son objectif ? Interpréter les différences entre les systèmes éducatifs pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage.

PISA

  • « Tous les trois ans depuis 2000, PISA évalue les compétences des élèves de 15 ans dans trois domaines clés : la compréhension de l’écrit, la culture mathématique et la culture scientifique. À chaque cycle PISA, un de ces domaines est privilégié par rapport aux autres, ce qui permet une étude approfondie des résultats et des évolutions le concernant. En 2015, tout comme en 2006, la culture scientifique était au centre de l’évaluation menée dans 72 pays ou « économies partenaires », dont les 35 pays de l’OCDE. »

ICCS

  • L’étude ICCS (International civic and citizenship education study) s’intéresse à la façon dont les jeunes sont préparés à leur rôle de citoyen. Pour cela, l’étude aborde les connaissances, les attitudes et l’engagement civiques et citoyens des élèves scolarisés au grade 8 (équivalent de la classe de quatrième en France). La France participe pour la première fois à l’étude en 2022, au côté de 23 autres pays. »

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Intervention d’Eveline Charmeux,

professeure agrégée de Grammaire Classique et Moderne, spécialiste du français et de l’apprentissage de la lecture.

Eveline Charmeux dans son intervention, a présenté un diaporama dont voici quelques diapositives commentées : Eveline spécialiste de la lecture nous a donné de la lecture, consciente de l’importance de toujours mais encore plus aujourd’hui de la maîtrise de l’écrit. 40 diapos.

En pédagogue, elle a tout d’abord posé cette question inattendue :

  • Veut-on vraiment la réussite de tous les élèves ?
  • Non, pour des raisons politiques : Si tout le monde réussit ! Plus de mauvaises notes ? De mauvais élèves ?

Elle évoque la « constante macabre » décrite par André Antibi ou « Comment a-t-on découragé des générations d’élèves.  » Il écrit : « L’objectif principal de ce livre est de mettre l’accent sur un dysfonctionnement important de notre système éducatif : si à un devoir ou à un examen un certain pourcentage d’élèves n’est pas en situation d’échec, l’évaluation est considérée en général comme non crédible, « anormale ». Cette proportion constante d’élèves qui doivent ainsi, quoi que l’on fasse, se retrouver en situation d’échec sera qualifiée de « constante macabre ». Lire ici ce pdf sur la page du site de Philippe Meirieu.

L’école a-t-elle pour vocation de mettre les élèves en échec ? On marche depuis toujours sur la tête, et la situation s’aggrave… devant le regard impuissant des enseignants, des parents, des usagers, des enfants et jeunes d’abord. Et depuis toujours, certaines et certains sont plus discrininé•e•s que d’autres et la situation empire (voir ci-dessous l’exposé de Martine Boudet, chercheure.)

Défendons plutôt, déclare Eveline Charmeux, une école humaniste avec Haïm Ginott (1922 – 1973) :

  • enseignant, psychologue des enfants et médecin psychothérapeute travaillant avec les enfants et leurs parents.
  • « Rescapé des camps de la mort, Haim Ginott a commencé sa vie professionnelle en 1947 en Israël, comme maître d’école, avant d’émigrer aux États-Unis. Il a obtenu un doctorat de psychologie clinique à l’Université de Columbia à New York en 1952. Par la suite, son travail à la Clinique de Jacksonville (Jacksonville Guidance Clinic), en Floride, lui a permis d’élaborer une attitude éducative articulant étroitement compassion et fixation des limites. » Sur la page de Babelio.

Eveline Charmeux déclare s’être toujours méfié de l’enseignement et de la course aux diplômes. Les diplômes ne suffisent pas dit-elle à l’éducation d’un être humain et elle projette cette diapositive après avoir déclaré : « Aidez nos élèves à devenir des êtres humains. »

« Vos efforts ne doivent jamais produire des monstres éduqués, des psychopathes qualifiés, des Eichmann instruits !»

Comme celles et ceux que l’on trouvait dans les camps de la mort, capables de donner la mort, sans remords.

  • Car les diplômes ne suffisent pas à éduquer des êtres humains.
  • Apprenons d’abord aux élèves à réfléchir, à faire un travail sur eux-mêmes.
  • Dépersonnalisons les interactions avec les élèves : ce sont les actes qu’il faut pointer du doigt non la personne de l’enfant.

Il faut permettre aux élèves de dire leurs problèmes dans la classe, qu’ils soient familiaux ou autres, permettre des moments de ce que l’on appelle couramment le « bavardage » pour que les enfants osent dire ce qui les tracasse, ce qui les empêche de travailler.

Chaque élève doit pouvoir briller c’est-à-dire montrer ce qu’il est capable de faire dans n’importe quel domaine et pas seulement dans les fameux « fondamentaux » du Choc des savoirs (français, maths) : en musique, en sport, en jardinage, en peinture, en informatique, en bricolage, etc. Chaque élève doit avoir son moment de gloire !

Il faut aussi travailler sur du positif et pas sur du négatif, ne jamais pointer les erreurs, les fautes qui culpabilisent et rabaissent.

Pourquoi ? Parce que l’échec décourage – est-ce l’objectif de l’école ? – Seule la réussite redonne confiance.

Travaillons d’abord dans un travail de groupe : « C’est à plusieurs que l’on apprend à travailler tout seul.. »

Le travail en groupe est positif car :

  • le groupe donne une grande confiance
  • dans le groupe, on n’a pas peur
  • on est responsables ensemble
  • C’est quand on a travaillé ensemble de manière solidaire, que l’on peut travailler seule et seul.

Elle aborde la question des évaluations

… qui doivent être avant tout des régulations du travail de la classe et non des contrôles venus de l’extérieur.

Elle a critiqué vivement les évaluations nationales de début d’année qui ont proliféré ces derniers temps, au primaire et au collège.

Son exposé se termine sur son souhait de voir advenir une école enfin démocratique.

A noter : sur son blog voici un de ses derniers posts, datant de novembre 2024 : « Evaluer le travail des élèves, ça sert à quoi ?

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Questions et réactions du public

A : Vous êtes très inspirante ! Il en faudrait plus comme vous ! Vous dites aux enseignants ce que vous avez dit là ? Car moi, et j’étais une bonne élève, on m’a dit que je ne valais rien… je bougeais trop parce que j’étais rebelle ! 

E.C : Bien sûr, à mon âge j’ai formé énormément d’enseignantes et d’enseignants. Mais il faut savoir que la formation existe de moins en moins. Je suis maintenant à la retraite : je continue à faire des conférences comme celle-ci. [Ndlr : trois jours avant Eveline Charmeux fêtait ses 93 ans !]

B : Mais qu’est-ce que vous avez contre Blanquer ?

E.C : les derniers ministres ont développé une vision qui n’est pas la mienne et qui est dangereuse, par exemple avec le choc des savoirs de Gabriel Attal qui n’a aucune compétence dans l’enseignement, encore moins public vu qu’il a fait toutes ses classes dans le privé.

C : Je participe à une association sur Saint Orens « L’Outil en mains » qui le mercredi après-midi, accueille des enfants et des jeunes pour les initier aux métiers manuels. Ceux-ci apprennent à fabriquer des objets. Nous sommes des bénévoles retraités et il existe ainsi une solidarité et du lien social entre les générations.

D : L’enseignement en France privilégie l’abstrait aux dépens du concret, d’abord en primaire où il a la portion congrue mais aussi au collège : l’enseignement de la technologie est maintenant supprimé en sixième. (Plusieurs personnes approuvent.) En fait, avec de telles méthodes, c’est un tri social qui s’est mis en place puisque l’on permet de réussir prioritairement aux élèves qui maîtrisent l’abstrait, ce que l’on appelle les fondamentaux (français, maths, disciplines sélectives). Un tri social calculé ! Un enseignement pour celles et ceux qui ont la maîtrise des codes…

E : Plusieurs personnes évoquent les groupes de niveaux, devenus groupes de besoins, enfin ces groupes devenus incompréhensibles mais surtout qui ont une fonction encore de trier les élèves ce qui est inadmissible dans une école qui se veut démocratique.

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Intervention de Martine Boudet,

professeure agrégée de Lettres modernes, essayiste et chercheure en didactique du français et en anthropologie culturelle

Martine Boudet est partie entre autres, pour son intervention, d’un exposé très complet qu’elle avait publié dans le Chantier C devenu le Chantier 2 de notre collectif Riposte Education, avec Denis Paget comme Pilote :
« Comment l’Ecole peut-elle s’approprier les nouveaux champs ouverts par les sociétés contemporaines ? » Cette appropriation contribuant à la réussite de tous les élèves, sachant que toutes les études nationales et internationales montrent que la réussite des élèves est correlée aux inégalités sociales et culturelles.

Eveline Charmeux a axé son intervention sur l’enseignement primaire et le collège, Martine Boudet a élargi la réflexion aux niveaux supérieurs, collège, lycée, enseignement supérieur.

Martine BOUDET a traité des inégalités culturelles, néfastes aux élèves des quartiers populaires ou issus de minorités ethniques. Pour favoriser le vivre ensemble, réduire le racisme, l’islamophobie et les violences réactionnelles, ouvrons, réclame-t-elle les programmes d’enseignement aux cultures de la diversité, intégrons la littérature francophone en français, augmentons l’enseignement de l’arabe, favorisons des démarches interculturelles au niveau de la vie scolaire, des Centres de Documentation et d’Information (CDI).

En résumé :

  • Mise en perspective politique
  • La question des violences à l’école – Les émeutes urbaines
  • Pistes pour une riposte en matière programmatique et curriculaire en complément des acquis socio-éducatifs
  • La question de la diversité, de l’inclusion culturelle et interculturel/intersectionnalité : création d’une option FLE-FLS (français langue étrangère-français langue seconde) au Capes de Lettres modernes en 2013 – les cultures au pluriel, régionales (métropolitaines et ultramarines) et de l’immigration Cf. dans la Constitution de 2008. Etc.
  • Dans les programmes, inclure les littératures francophones et européennes, la langue arabe, deuxième langue parlée en France pour éviter la radicalisation des jeunes issus de l’immigration maghrébine, favoriser les relations avec le monde arabo-musulman, composante du Sud global.

Elle a terminé sur le souhait d’une Education à la paix plus qu’à la guerre, au dialogue social, à la parité homme-femmes et à la démocratie. […]

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Il restait peu de temps car nous devions rendre les clés à 19 h. Nous avons enfin donné la parole à notre troisième invité qui a représenté de façon très remarquée par le public, l’Education populaire, les Francas31.

Intervention de Vincent Cramailère-Rouchi


Vincent Cramailère-Rouchi, directeur des Francas 31 a eu peu de temps – et nous lui demandons de nous excuser – mais ses paroles ont été très appréciées.

  • Il a précisé que l’association populaire des Francas forment les animatrices et animateurs des CLAE, CLAS, et CLSH. Les Francas défendent un projet éducatif d’émancipation des enfants et des jeunes. Les animatrices et animateurs ont obtenu le BAFA (Brevet d’Aptitude aux Fonctions d’Animation) ce qui prouve leur adhésion à ce projet qui les engage.
  • Il a réaffirmé l’importance de la co-éducation avec les familles et autres partenaires au service de l’Enfance :

« Il faut tout un village pour éduquer un enfant !»

Il a montré que l’action des associations d’éducation populaire est même essentielle car, on ne le sait généralement pas mais une étude a donné des résultats inattendus, à la question « Où les enfants passent-ils leur temps et avec qui ? »

Sur les 10 560 heures de temps global annuel de l’enfant :

  • le temps passé à l’école est de 10 % de ce temps global.
  • Le reste du temps l’enfant le passe en famille, avec ses parents : 520 à 1000 h avec les parents
    • le temps de sommeil diminue de plus en plus et il est de 3650 h
    • Tenons compte aujourd’hui des moments avec les écrans de toutes sortes : la tv, les jeux vidéos, le smartphone, etc. Ce temps est passé de 3 h et demie à 1267 h.
  • Le temps libre (libéré de la famille et de l’école), est constitué d’activités autour de l’école :
    • Il y a les trajets, et pour certains enfants, de longs trajets.
    • L’enfant, majoritairement, se trouve à l’école hors temps d’enseignement dans des garderies au pire et au mieux dans des Centres de Loisirs Associés à l’Ecole, avant l’école le matin dès 7 h 30 et le soir jusqu’à 19 h 30. Il le passe alors au mieux, dans les activités périscolaires (CLAE, CLAS), et extra-scolaires pendant les vacances (CLSH), avec des animatrices et animateurs qui contribuent à réduire les inégalités sociales et culturelles. 
    • Certains enfants mais pas tous, bénéficient en effet d’activités sportives et culturelles dont le coût est variable (matériel par exemple).

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Debriefing rapide

Café-débat ? Débat ? Conférences ? Exposés ? Participation du public ? Echanges de savoirs ? Nous pouvons constater à la lecture de ce compte rendu ceci :

  • Le titre sous cette forme exclamative, n’incitait pas à débat contradictoire : « Mais si ! Tous les élèves peuvent réussir ! Si on le veut … » Une constatation, mieux, une prise de position.
  • Il s’est agi en fait de trois mini-conférences distinctes l’une de l’autre, chaque intervenant.e défendant cette position de principe : oui, nous pensons que tous les élèves peuvent réussir mais il y faut des conditions. Et chaque intervenant.e a apporté sa pierre. Et de façon très intéressante.
  • En tous cas, cette prise de position engagée n’a pas amené le public à la contester – mais il faut avouer qu’il n’y avait pas foule, nous relançons les cafés-débats des années 2000 avec enfin une salle mise à notre disposition, avec un bar. Il n’y a eu qu’une seule personne de par sa fonction politique connue, qui a juste demandé à Eveline Charmeux pourquoi elle en voulait à… Blanquer. Eveline Charmeux lui a répondu.
  • Pourtant, on sait que nombreuses sont les personnes qui ne sont pas d’accord, qui considèrent que la réussite n’est possible que pour quelques élèves et si en plus les ministres de l’éducation les uns après les autres, le martèlent… et comme l’a bien dit Eveline Charmeux « pour des raisons politiques » ! Personne en tous cas dans le public, n’a soutenu que les élèves étaient traités à égalité et avec empathie. Et depuis le débat certaines voix se font même entendre pour dire qu’elles auraient pu venir se faire entendre.
  • En conclusion : Un débat contradictoire aurait demandé des échanges d’arguments et des positions politiques bien marquées. Il s’est agi plutôt, d’un échange d’informations pour montrer ce que pourrait être une l’Ecole plus émancipatrice pour tous les élèves, car elle n’est pas émancipatrice actuellement surtout pour les plus faibles, et les milieux populaires.
  • Donc un partage de savoirs par une pédagogue, une chercheure sur les inégalités culturelles et par un praticien de la co-éducation avec les partenaires de l’Ecole (animatrices et animateurs, parents) qui a démontré leur importance. Chaque intervention aurait finalement mérité un café-débat contradictoire à elle seule. Pour l’avenir ?
  • Intéressant malgré tout mais il faudra dans un prochain café-débat, bien fixer les objectifs : débat contradictoire ou conférence ? En tous cas faire en sorte que le public ait beaucoup plus la parole. Renforcer l’esprit critique. Oui, mais comment ? Nous avons quelques idées… Debriefing : point de vue de Nadine Lanneau qui n’engage qu’elle.

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L’exposition de livres à la Médiathèque

Comme à chacun de nos débats, les bibliothécaires avaient installé une table d’exposition. Voici quelques titres :

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Les livres d’Haim Ginott dont a parlé Eveline Charmeux