La nouvelle entourloupe de Macron décryptée : comment la contourner à notre avantage !

Encore une convention citoyenne. On sait ce que Macron a fait des conclusions radicales de la CCC : Convention Citoyenne du Climat

Voici plusieurs réactions qui permettent de réfléchir à cette annonce pour y répondre collectivement.

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Le 5 mai 2025 : « Après la fin de vie, le climat, le président Emmanuel Macron a annoncé vendredi 2 mai 2025 la tenue d’une troisième convention citoyenne sur les « temps de l’enfant » pour juin 2025 sur les vacances et horaires. Cette annonce apparaît en décalage avec les besoins de l’Ecole, ceux des personnels comme des élèves, « hors sujet », diversion selon les syndicats. Scandales et dérives dans le secteur privé, notamment Betharram, libération de la parole sur les violences dans les établissements scolaires, inclusion difficile des élèves, des effectifs chargés, crise d’attractivités des métiers éducatifs, les manques de moyens de l’Ecole sont autant de sujets d’actualité, d’importance et d’urgence. »

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  •  Temps de l’enfant : Macron fait diversion. Dans son blog de Médiapart, Philippe Watrelot, ancien professeur de Sciences économiques et sociales, formateur, militant pédagogique, revient sur l’historique des concertations passées sur le Temps de l’enfant, temps global, intégrant tous les acteurs de la communauté éducative et tous les aspects de la vie des enfants et des jeunes. Concertations avortées pour de multiples raisons. « On ne va pas refaire toute l’histoire [ndlr : il est cependant intéressant d’aller consulter ce lien] mais on peut retenir de ce bref rappel que ce sujet, que Macron sort de son chapeau, a une histoire. On ne part pas de zéro et on serait bien inspiré de se souvenir de toute la masse de travail réalisé à cette occasion. »

[…] « Comment à la fois faire diversion et dévoyer la belle idée de « convention citoyenne » ? C’est le coup double (voire triple si on y ajoute un hors sujet) de Macron avec son annonce de vendredi 2 mai sur une convention citoyenne sur les « temps de l’enfance » […]

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  • Dans le Café Pédagogique du 5 mai encore, Djéhanne Gani parle de« L’annonce contre-feu d’une convention sur les temps de l’enfant«  : « Depuis des années déjà, les nombreux décrets et réformes imposés confirment l’absence de débats, notamment parlementaire sur les orientations et politique éducatives. La convention citoyenne servira-t-elle de caution démocratique à une École, dont les réformes et le fonctionnement sont bien souvent privés ? D’ailleurs qu’attendre de débats sans moyens possibles pour transformer l’École ? »[…]

Puis elle s’interroge sur ce que pourrait avoir de positif une telle Convention citoyenne : « Et si finalement, la question n’était pas tant la durée du temps de la journée à l’école que ce qu’on y fait et comment ? » C’est-à-dire si l’on posait la question primordiale de la finalité de l’Education : l’Ecole ne doit-elle pas avoir pour vocation d’émanciper avant tout ? Mais certainement pas dans les conditions actuelles d’un Service public détruit et sans moyens.

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Effectivement, en parlant à tout-va de Conventions citoyennes, on peut se demander quel est l’objectif de Macron, à part bien sûr une nouvelle entourloupe ? La Convention Citoyenne sur le Climat ne lui a-t-elle pas servi de leçon ? Il semblerait que non mais en même temps, on peut s’interroger : Après tout, pourquoi une Convention citoyenne ?

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  • La Convention citoyenne sur le Climat a été analysée et en particulier sur le site du collectif education bien commun : Une convention citoyenne pour l’éducation ? Avec Raymond Millot, ancien instituteur des écoles innovantes (Vitruve à Paris années 60, La Villeveuve à Grenoble jusqu’en 2000), nous avons demandé sur le site, une CCE Convention Citoyenne de l’Education, après avoir analysé ce qu’était la CCClimat interrompue pour cause de confinement et surtout parce que ses conclusions avaient été jugées trop radicales. Nous avions pour notre part étudié le cas de l’Irlande, extrêmement remarquable : L’Irlande et la démocratie délibérative. « L’exemple irlandais est riche d’enseignements. Alors que l’église catholique la plus réactionnaire garde un pouvoir massif sur l’opinion, des citoyens tirés au sort et donc très majoritairement sous son influence, ont été capables de conduire une réflexion libre mettant en question deux tabous religieux majeurs et d’influencer le parlement en faveur de leur disqualification !

Extrait : « Trois assemblées citoyennes tirées au sort ont fait de l’Irlande un laboratoire exceptionnel pour la démocratie délibérative – entraînant des révisions constitutionnelles majeures : la légalisation du mariage homosexuel et de l’avortement. » (Collège de France, La vie des idées- Extraits) Les conditions pour réussir : Des citoyens.ne•s sans expérience, ni opinion préconçue, tiré•e•s au sort, plus des experts de tous bords : au final, des conclusions inattendues et radicales.

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  • Riposte Education a lancé un appel en ce sens :

« Nous appelons à un grand débat en septembre 2025 autour des finalités et du rôle sociétal de notre système éducatif, pour traiter de front et dans leurs relations les multiples enjeux d’un monde de plus en plus complexe dans lequel nous sommes entrés. »

« C’est un vaste chantier préparant à une grande rencontre nationale début septembre 2025 pour

  • un Grenelle alternatif de l’Education
  • et plus tard une CCE (Convention Citoyenne de l’Education)

Rejoignez-nous ! « Ensemble pour une École Démocratique et Moderne ! »

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  • Un nouvel article dans le blog de Jean-Pierre Véran sur Médiapart : Billet de blog 4 mai 2025

« Temps de l’enfant », convention citoyenne et éducation : leurre ou levier ?

« La récente proposition présidentielle de convention citoyenne sur les temps de l’enfant constitue à la fois un leurre facile, mais aussi, pour toutes celles et tous ceux attachés à la justice et à l’égalité, un levier pour poser la question des contenus des temps scolaires. »

Jean-Pierre Véran lui aussi revient sur l’historique des concertations sur les rythmes de l’enfant, en particulier :

la mise en plaee cahotique de la semaine de quatre jours et demi

  • La Conférence nationale sur les rythmes scolaires, qui, le 4 juillet 2011, avait proposé dix orientations proposant « des rythmes plus équilibrés pour la réussite de tous ». Parmi les propositions remise à Luc Chatel, la cinquième d’entre elles proposait de mettre fin à la semaine de quatre jours à l’école en préconisant au moins neuf demi-journées de classe. »
  • « Ni le ministre ni le président Sarkozy n’en firent rien, et c’est Vincent Peillon, premier ministre de l’éducation nationale de F. Hollande, qui mit en œuvre le retour à la semaine de quatre jours et demi, mesure qui fut pour le moins diversement accueillie malgré le consensus de la conférence nationale de 2010-11 et fut aussitôt abandonnée par M. Blanquer, le premier ministre de l’éducation nationale… du président Macron. » 

La mise en place de plusieurs préconisations : […] « passage de 36 à 38 semaines de classe par an, à la journée limitée à 5 heures de cours à l’école et dans les deux premières années du collège en passant par les trois zones de vacances y compris en été… On voit déjà ce qu’il risque d’advenir des propositions de la conférence citoyenne annoncée si elle voit le jour… »

Pourtant, écrit-il :« Est-ce à dire que le sujet est sans intérêt ? Certainement pas. »

  • « On sait combien, par exemple, le passage à la semaine de quatre jours à l’école a amplifié la difficulté de réussir pour les élèves issus des milieux populaires. […] « En supprimant une matinée dans la semaine, on pénalise l’ensemble des élèves et, plus particulièrement, ceux qui sont déjà en difficulté. Les journées sont trop longues, trop chargées, alors que les apprentissages ont besoin d’être étalés pour être bien intégrés, comme le rappelle la chronobiologiste Claire Lecomte. »

Mais si l’on prenait E. Macron au mot ? Ok pour une Convention !

  • On pourrait enfin contourner les blocages issus des intérêts des adultes, parents comme enseignants, élus locaux, et acteurs des secteurs économiques du tourisme comme du soutien scolaire, qui prennent le pas sur ceux, bien compris, des enfants. »
  • Et encore plus essentiel, pourquoi ne serait-ce pas l’occasion d’examiner collectivement ces sujets que Riposte Education traite depuis son origine dans ses chantiers (Ndlr : il est toujours possible d’y participer, voir ici) :  » L’autre avantage d’ouvrir une nouvelle fois un débat mille fois ouvert et toujours refermé sur cette question, est d’esquiver celui qu’on n’a jamais ouvert et que des formules creuses telles que « choc des savoirs », « enseignements fondamentaux » permettent d’occulter. Dans ce domaine, il s’agit de ne rien changer pour que rien ne change. L’organisation des savoirs, les choix d’enseignements qui sont reconduits au fil du temps, ont en effet fait leurs preuves : ils permettent à une élite scolaire de réussir et aux enfants des milieux populaires d’être écartés, sur la base « objective » de leurs résultats, de la voie générale pour être massivement orientés, en raison de leurs difficultés dans les enseignements généraux qui sont exclusivement dispensés à tous, en voie professionnelle. On observera avec intérêt la suite qui sera réservée à certaines propositions du Conseil supérieur des programmes pour un nouveau socle commun (26 avril 2025 : article de JeanPierre Véran. « Le Conseil supérieur des programmes (CSP) publie un projet de nouvelle version du socle commun de culture. La commande ministérielle étant on ne peut plus cadrée, on ne sera pas surpris d’y lire la poursuite d’une politique des savoirs héritée du passé. » A voir donc.
  • « A quelques jours d’une journée du collectif Riposte-Éducation appelant, « contre l’école injuste », à « faire égalité », il importe en effet d’associer étroitement toute réflexion sur le temps scolaire aux contenus d’enseignement-apprentissage qui en font la substance, avec l’objectif, en effet, de « faire égalité ». 

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  • Dans le blog sur Médiapart un des articles de Raymond Millot : Dans la liste de ses articles, celui-ci datant du 10 mai 2014, concerne notre sujet « « RYTHMES CHRONO BIOLOGIQUES », L’ARBRE QUI CACHE LA FORET ».
    • Petit historique : il faut toujours revisiter le passé pour comprendre le présent et envisager l’avenir. Mots-clés pour une lecture rapide
    • malmenage scolaire
    • Besoins de l’enfant
    • Heures quotidiennes réduites
    • Réduction des vacances
    • Cours d’école exigües : défouloir, lieu propice à harcèlement
    • Phobie scolaire
    • Problème de lecture en CP (problème en CP ???) : médicalisation des prétendues « difficultés »
    • Les cycles (inventés dans les écoles innovantes !) complètement dénaturés et caricaturés

« Dans les milieux mieux informés, on s’inquiète particulièrement des « performances » mesurées périodiquement par le PISA (programme international pour le suivi des acquisitions des élèves). Certes, nos enfants ne connaissent pas encore la situation effrayante des petits Coréens du Sud et des petits Japonais qui, soumis à l’obligation de performance, connaissent un taux de suicide inquiétant. Notre  école républicaine se contente « d’aggraver l’inégalité sociale », certains s’en indignent mais négligent d’analyser les causes. Dans son livre, Establet impute ce fait (depuis longtemps évident) à « L’élitisme républicain » qui valorise la compétition, qui note et humilie, qui crée des situations affligeantes où le « bon élève » devient un « blaireau », un « intello » qu’on raille ou rejette.

Pour un nombre considérable d’enfants, l’école symbolise leur échec, le premier acte de leur exclusion sociale. Il arrive que certains d’entre eux y mettent le feu. Il existe sans doute un rapport entre ces faits. »[…]

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